Chapitre nœud…

C’est du sérieux. La trame on tanne. Comme une vieille peau fripée.

Premier Roman est donc venu immonde un jour moiré de 1967. Un bras en blouse blanche lui pinça le cul anthracite. En guise de cri primal, Premier Roman fut pris d’un fou rire. Il senti alors glisser dans la nervure souriante de son arrière-train potelé une première larme de sueur froide. Puis on le déposa sur le sein droit d’une mère fatiguée d’effroi.

S’en suivra un récit sans récif.

1967. Premier Roman vécut beaucoup sur le dos. A se marrer des ombres qui courraient au plafond. L’une d’elles se laissa capturer par l’enfançon captivé. C’était la plus petite. La moins véloce. Une proie facile pour l’imaginaire à vif d’un bambin béat. Premier Roman roula des billes. Avant de pousser un hurlement d’épouvante. L’ombre qui était devenue gigantesque s’apprêtait à le dévorer. Premier Roman, bébé éprouvé, ne se remit jamais de cette rencontre.

1967. En plein Summer Of Love, John Coltrane laissa son sax aphone. L’ombre était parvenue à l’engloutir.

Premier Roman eut un mal de chien à laisser passer ses premiers mots. Les syllabes obscures s’empêtraient dans des ratiches qui poussaient mal. Sa mère crut percevoir un maman englué dans un filet de salive. Premier Roman venait en fait de pousser un aide-moi.

(à suivre de très loin)

Chapitre nain…

Affres affreuses de ma littérature calamiteuse, je vous balancerai là. On me lira en train d’écrire. Ce roman débute donc. J’imagine l’effet bœuf chez le lecteur potentiel. Suivre pas à pas, ligne à ligne, l’auteur sans hauteur traçant le chemin de sa langue. Ce premier roman défile maintenant. Un jour de novembre 2005. Juste avant la guerre civile. Premier chapitre. Celui où l’on expose la situation. Où l’on situe la géographie des évènements. Où apparaît le personnage central. En l’occurrence, dans le cas présent, il s’agit de Premier Roman. L’œuvre magistrale et théâtrale d’un type anonyme qui se fait appeler Anakin dans un monde virtuose et virtuel.

Prenons une fille fine au regard de biche de Berre que l’on appellerait Mercedes. Si celle-ci avait comme Anakin des velléités d’écrivain, elle aurait pu se lancer dans une auto-fiction. Premier Roman d’un renard aux abois. Parce que derrière l’humour à froid il y a un abîme d’incertitude. Avec une telle phrase, alambiquée jusqu’au trognon, Premier Roman file droit vers le Goncourt des Maternelles.

Premier Roman est né en 1967. Autant dire qu’il n’est pas né de la dernière pluie acide. Il se souvient bien avant Forever Changes des cocktails de liquide amniotique. Des échos du monde à l’intérieur du ventre dur et chaud. De son désir, sans doute, de ne pas en être. Qui aurait voulu en naître ? Je n’imaginais pas tous ces outrages.

Premier Roman entama donc sa vie en plein après-midi. Des alarmes plein la tête…
(à suivre de très loin)

Ce texte est un rediffe honteuse de celui diffusé le 12 novembre 2005 à 13h26.