If i scream your name will you come with me ?*

J’avais imaginé plus de clarté pour ce dernier dimanche avant la reprise. Je me suis réveillé avec l’accordéon d’un groupe islandais. J’ai trainé au lit, lorgnant sur les dernières médailles de nos sportifs. J’aime la télévision allumée le matin, mais en sourdine. Ses rêves en pleine lumière. J’ai adhéré à American Gangster. Le jeu, la construction, la reconstitution, tout cela était fantastique. Denzel W. est au sommet de sa séduction. Ses rêves en pleine lumière font s’évaporer les soleils. Eluard me fut apporté sur un plateau par S. Je m’imagine aussi en amoureuse. Pour le moment j’ai du mal à me passer de The Middle East.

Du sable sous les paupières*

Tout mou sous le scalp. Tout moite sous les poils. Tout nu sous la couenne. Je divague dans le flat où flotte comme une absence. Mon moustachu n’est pas là. Ce chat ingrat qui me fait des nuits allégées. Je me suis mis dehors maintenant, au moment de moudre le grain pour cette page. L’air encore chaud pèse sur mes épaules au rabais. J’arpente le champ des possibles. Tout est possible. Tu es libre. Trop peut-être. Justement ce champ. Je n’y vois qu’une étendue de sable. Un désert. Toi, tu y vois un sol riche, un tapis d’humus. Le socle d’une belle terre fertile. Les moustiques ont décidé de me faire la peau. Ils se disputent ma carcasse alors que je respire encore. Les grands singes disparaissent mais pas les maringouins. Bon, comme je bredouille. Je plie les gaules.

Laissez venir, laissez passer Ceux dont l’amour s’est renversé*.

(Gérard Manset, La Vallée de la paix)

Et soudain c’est le soir*

Éviscérer son chagrin. Essorer ses yeux. Perdre ses épaules. Je ne les ai pas épaisses les épaules. Je peux les perdre facilement. Sur le lino, j’étais tout petit bras. Tout en liquidité. J’ai pleuré donc. Violemment. Aussi soudainement qu’une pluie d’orage. Now as tears subside, we move our own way. Maintenant. Je suis dans cet espace. Qui ne sent plus pareil. Une odeur de meuble neuf. Un espace presque nu. Qu’il faut reconquérir. Lèche les murs. Me téléphone G. Je m’efforcerai. La vie chienne peut me mordre le cœur. Mais pas me l’arracher. Hein ?! Je ne suis sûr de rien. J’essaierai.

*Ognuno sta solo sul cuore della terra
trafitto da un raggio di sole : ed é subito sera.
[Salvatore Quasimodo]