Je n’y arrive plus. Merde, je n’y arrive plus. Ce n’était pas prévu. Pas maintenant en tout cas. Mais je suis comme une pièce vide. Je suis comme une alvéole faite de quatre murs blancs. Des murs peints. Pas tapissés. Parce que sous le papier il y aurait au moins de la poussière. Je voulais faire ma dictée. Allonger les phrase comme on aboule la monnaie. Parce que ça rassure de payer cash. Comme si on avait des rubis plein les ongles. Mais je suis une pièce vide. Quatre murs blancs peints. Ils auraient pu être jaunes. Comme après le passage d’une couche de tabac. Et cela aurait voulu dire qu’il y avait eu la vie. Au début en tout cas. Tout à l’heure, ce matin même, j’écoutais un disque dans une autre alvéole. Une alvéole dans une alvéole. J’écoutais ce disque. C’était dans l’habitacle d’une voiture. J’ai monté le son quand les guitares ont élevé un autre mur. Des guitares comme les vagues d’un tsunami. Je voulais que l’habitacle éclate. Mais les guitares sont vite retombées. Et puis on ne meurt pas en dépassant le mur du son. Je n’y arrive plus parce que je suis une pièce vide et blanche. Avec le silence qui ricoche d’un mur à l’autre. De mur à mur. Je n’y arrive pas parce que je suis une alvéole sous vide. Un murmure.