le trognon fauché

Dimanche fut une journée atone. Il y avait du soleil dehors, des envies de baise dedans. Je n’ai accédé ni à l’un ni aux autres. J’ai passé des heures à optimiser un annuaire tout en luttant contre le ravet. J’ai laissé passer des heures de musique. Puis j’ai pensé à la dernière fois, pas celle vécue dernièrement hors les murs et qui s’est achevée devant la gueule d’un métro parisien, mais celle où tu es arrivée comme ça au milieu de la nuit, oui c’est comme ça, tu arrives à trois heures du matin, la voiture dans la boucle que je ne reconnais pas tout de suite, mais ça ne peut être que toi à cette heure-ci, la voiture dans la boucle que tu stoppes à ma hauteur, la portière que tu libères et que j’ouvre, il y a dans l’habitacle la bande son d’une comédie romantique américaine, il y a ta besace dont l’anse est passée autour du levier de vitesse, bien sûr on se sourit légèrement, on se regarde enfin, puis je me jette à ta bouche, j’y resterai accroché de longues minutes avant les rituels du parking et de l’ascenseur, avant les heures extatiques. Je me suis repassé la séquence à l’infini lors de cette longue journée blanche. L’une des rares où les deux protagonistes ne finissent pas par se cogner la tête contre les murs, où chaque mot délié n’est là que pour nourrir l’histoire. Depuis on se laisse dériver à nouveau, depuis on vit le trognon fauché.

Lundi. Toujours le même soleil et ce foutu annuaire (des heures de musique en perspective). Et une question (parmi tant d’autres) non existentielle : pourquoi cette blogueuse qui me traite de cerbère passe aussi souvent dans les parages ?


The DearsGalactic Tides (Degeneration Streets, 2011)

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