Aucun navire n’y va*

Ah cet instant je pourrais écrire que c’est ma dernière intervention de l’année dans ce journal, mais je me moque de ce qui se trame, puisque dimanche jour de l’an ressemblera à un poil de ciel gris près au dimanche précédent. Je n’attends rien d’autre qu’un peu de sérénité, de repos sous le plexus et de vivre un peu moins avec cette sensation de disparition imminente. Je n’ai jamais été aussi hypocondriaque que ces dernières semaines, j’ai également doublé la fabrication de tocs pré sommeil, je m’en suis rendu compte la nuit dernière. Je sais qu’ils n’existent pas quand je me trouve hors de ces murs ou lorsqu’on dort à mes côtés, mais ici la névrose bat son plein. Même à plat ventre, le nez dans le matelas, je me rends compte que l’on cherche de plus en plus à me tuer. Dans ces rêves c’est peut-être le moi flippé que j’essaie d’éliminer. Il n’y a pas de nuit de coton en ce moment, même si je dors profondément.

J’entends des bruits. Il est tombé une pluie épaisse tout à l’heure. Il y a deux nuits j’ai vu un ours polaire mourir de faim, ça m’a irradié le bide. Il avait essayé d’attraper un morse, mais il y en avait toute une colonie qui savait lui faire face. Un morse c’est immense, bien plus immense qu’un ours blanc. La terre qui se réchauffe par notre faute est la cause de cette tragédie. J’ai remarqué que la nuit était aussi propice à la rediffusion de téléfilms catastrophes en deux parties. Pas étonnant que je file ensuite dans des mondes hostiles. Dans trente ans il n’y aura peut-être plus d’ours polaires.

Je ne sais plus pourquoi j’en suis là. J’entends un peu le voisinage, il est une heure du matin.

L’année 2011 fut la der pour Sonic Youth, REM et… de Noir Désir*.

6 réflexions au sujet de « Aucun navire n’y va* »

  1. Qui ne rêve pas de toucher la sérénité d’un doigt mouillé de larmes ? Je ne sais plus où j’ai lu ça. En l’occurrence, d’un doigt trempé d’aspirine.
    2011 fut la fin de beaucoup de choses. Année importante avec laquelle on bassinera des générations abruties d’étudiants inintéressés par les vieux problèmes d’un monde en ruines. Sans doute parce que ses habitants étaient en cendres, les os broyés sous la fatigue et les pertes. Regret d’un temps perdu, d’un amour perdu un tôt matin du 28 décembre entre trois et six heures de l’aube, cachée sous des draps adultérins: on a tous nos ennuis.

    Alea jacta est: bon courage en ce dernier jour.
    Et toujours aussi heureuse de te lire.

    1. Oh mais il me faudra peu de courage pour le vivre. C’est à peine une journée de plus.
      Pas glop cette aube du 28 décembre. J’espère, même si je sais que ce n’est pas vraiment possible, que tu parviens à exister malgré cette trahison.
      Merci beaucoup pour ce long message.
      Amitiés.

  2. Merci pour tes vœux, j’espère qu’ils me porteront chance, pour moi l’année se termine mal et la nouvelle commence mal. Je suis comme l’ours, mais sans la faim, il parait que quand ça commence mal ça fini toujours bien, il me reste l’espoir.

    1. L’espoir fait vivre, dit-on. J’espère que l’ours polaire trouvera son bout de banquise, comme je souhaite que tu trouves ta planche de salut et que ton année se poursuive mieux qu’elle n’a commencé.

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