Desert shore

Reprise d’un vieux brouillon déplorable. La nuit dernière je me suis arrêté sur l’adjectif littérarité qu’Aymeric Caron, donneur d’avis (et parfois de leçons) des samedi soirs, a employé pour définir un défaut de littérature dans le livre d’un acteur. Plus tôt, j’avais qualifié ma prose, celle que je livre uniquement ici, de littérature pitoyable. En fait, je ne peux pas décrire ainsi ce que j’écris puisque de littérature il n’est pas question. Mais ce n’est pas la première fois que ce journal est ponctué de petits pets plein de fatuité.

« Le silence est un ami qui ne trahit jamais. »

Confucius a raison. Mais cet ami devient parfois un peu trop encombrant, surtout les weekends. Je fais partie de ces être qu’on oublie un peu trop facilement et pas seulement quand déboule le congé de fin de semaine. A moins que je sois de ceux que l’on craigne de déranger. Il y a-t-il quelqu’un qui pense à toi au moins une fois par jour ? Il y a vingt ans ce genre de question existentielle ne me traversait jamais l’esprit. Autrefois (j’ai un peu trop tendance à employer un autre adverbe dont la première lettre est un j et pour lequel j’ai une attachement particulier) je vivais sans revendiquer ni la moindre affection, ni la plus infime des attentions. Comme il y a des pauvres et des riches, puisqu’il faut de tout pour faire un monde, paraît-il, je pensais qu’il y avait aussi ceux que l’on étreint toujours et ceux qui attendent là-bas, dans l’encoignure de leur vie, qui peut-être en crèvent, pour les plus clairvoyants d’entre eux en tout cas. Je n’étais pas de ceux-là, je voyais juste qu’il se passait des choses et que je n’en faisais pas partie. Et que ce n’était pas dramatique.

Depuis les choses ont bien changé. Je réclame ma part, je suis en demande et j’en chie, les épaules ployant sous le poids d’un putain d’ami encombrant !