Et si je ne sortais plus de chez moi ? Et si je me laissais prendre par la mort ? Si je l’attendais sagement en me paluchant l’ego ? On me rétorquera que c’est déjà le cas. Oui mais alors, autant faire ça proprement. Tant qu’à faire, arrange-toi pour que cela ait de la gueule, mon ami ! Tu m’appelles mon ami maintenant ? L’autre fois, c’est à dire il y a quelques heures, je me suis rendu compte que j’écrivais bien mieux avant. Avant c’était il y a deux ans, peut-être trois. Je l’ai dit à voix haute, mais je ne savais pas que c’était l’expression de mon moi en érection. Du genre je me branle sur la vacuité de ma petite personne, oui car je resterai toujours cet enfant mal aimé, je me branle donc dans mon petit vide-ordure intime et j’aime ça.
Il est dix-neuf heures et des clopinettes. Et j’ai une gueule de contrefaçon. Un dimanche sans lux. Avec un ciel bas comme jamais, ce constat-là au moins ne fera pas débat. Il ne s’est rien passé. J’ai juste un peu mal au cul à force de l’avoir posé sur cette chaise. J’écris je. Pardon, mais je suis en plein ego trip là. Putain de dimanche. J’enfle de partout, tellement que je me trouve épatant. Tiens, je m’entiche de Gaspard Proust. Je suis un cartésien, par n’importe lequel, un cartésien désabusé. C’est à dire je pense, donc je suis, mais je m’en fous.
Je n’écris pas pour faire des phrases. Ni pour rouler des mécaniques. J’écris parce que le sang qui coule dans mes veines m’asphyxie.
Photo : Alter-Ego de David Guimarães.
Écrit en écoutant Music For Falling From Trees de Peter Broderick.