Délit [d’é]motion #19 – Heart de Loney Dear

Je consomme avec excès Hall Music, l’album à venir de Loney Dear. Ce type ne me déçoit jamais. J’accompagne sa pop orchestrale en faisant glisser une boisson fermentée. Je sais la fugacité de ces plaisirs, je sais qu’ils ne me nettoieront pas de la gamberge et du souffle au cœur. Mon abdomen me chante une drôle de chanson et réveille mon hypocondrie. La vie n’est-elle pas une longue agonie que l’on occupe par l’empilement de sacs de sable ? Là oui, la connerie de ce que j’écris est un ramassis. Je pense à toi comme au jour premier où nos mains se sont trouvées. Toi, nous, l’amour avec excès, le seul qui vaille. Ils sont rares ces moments où l’on parle la même langue, celle des enfants du désordre. L’orgue de Largo va me tirer les larmes. Je suinte du désir de crever sous ton aisselle.

c’est le merdier, à en étouffer le passereau

C’est un nœud. Coulant qui tord la gorge. En Absurdie on se promène en permanence avec une corde de chanvre autour du cou. Je mime pour que tu te rendes compte lecteur apprivoisé par la pauvreté de ce journal infatué. Ma chance : marner en plein désert et ne pas trouver le moindre promontoire ni la moindre branche pour exécuter ce supplice de l’étouffe crétin. Tu me diras que je ne fais pas mon age malgré les quelques poils blancs qui parsèment déjà ma barbe de dix jours et qu’il ne faut pas gâcher, je te donne raison pour une fois, car malgré tout il me reste encore un fond d’instinct de survie.

Je me suis remis à la course à pied. Là tu vois, je pense à un film d’Élie Chouraqui du début des années 80 (sorti tout juste après les débuts de Mitterrand à la Présidence, je te dis ça parce que tu auras besoin d’un indice si l’envie te prenait de jouer un peu). Ne me demande pas pourquoi, de toute façon tu sauras si tu me connais un chouia. Les baskets, le petit short gris bleu (je ne suis pas sûr de ce que j’écris là pour cause de Daltonisme), le lecteur mp3 avec des albums de 2007 parce que j’arrive plus à l’alimenter correctement, la vieille montre Swatch noire qui ne revit qu’accrochée à mon poignet et me voilà depuis quelques temps reparti pour assouplir la carcasse et dénouer le cacochyme. C’est le seul sport pour lequel j’arrive à me mettre en branle, car c’est un des rares qui ne nécessite pas d’intendance ni de déplacement (je vis au bord d’un canal dont les chemins n’attendent que mes vieux mollets). Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça, peut-être parce que l’album de Loney Dear est terminé. C’est n’importe quoi, je te l’accorde (au cou, on y revient).

Faut que je calme cette toux, que je soigne ma peau qui craquèle, c’est à cause que dedans c’est le merdier, à en étouffer le passereau.

Sinon j’ai écrit un petit truc au sujet de la retraite soudaine de Bernard Lenoir. Si tu connais l’homme tu liras.