J’ai locké mon terrain depuis quelque temps, une manie sale comme un tourment, une façon de me punir de je ne sais quoi, une manière de me priver de ce qui rend la vie bien plus acceptable, l’amour l’écriture la musique ou bien tout ensemble, il y a des bienheureux qui se gargarisent de posséder les trois et plus encore, je suis un chien pour ma garce d’existence. Ce soir je me sens comme un type dont la maison vient de brûler, enfin comment pourrais-je savoir ce que ça fait quand une turne crame alors que cela ne m’est jamais arrivé, même si le cœur outragé c’est comme une bicoque qui s’enflamme. Je me targue d’être parfois au bord du dénuement, je le sens gratter au mitan de mon être l’anachorète qui veille. Je suis dans une période où le pas grand-chose est la règle, même le fleuve est plus ambitieux, je le vois charriant ses milliers de morceaux de glace, alors que je me crois empêtré à jamais dans ma gangue intime, comme je conçois à tort que la corneille dans l’arbre d’en face est en train de se déchirer une aile. J’aimerais quand même voir un ours polaire juché sur l’un de ces grumeaux à la blancheur opaque, mais franchement que ferait ce mammifère arctique d’une vie dans l’estuaire de Saint-Nazaire?
Le nouvel album de Da Silva s’appelle La Distance et il la tient bien. Je fais avec lui et avec Tramp de Sharon Van Etten.