Je bouture toujours

La politique de la terre brulée. Je sais faire aussi. Mais je bouture toujours, j’épargne systématiquement un rejeton, parce qu’il y a de l’espoir dans tout. J’écris ça et pourtant dans quelques minutes je pourrais me laisser submerger par la terreur. Pourquoi renoncerais-je à cet amour, à son incroyable douceur quand il est déposé par ses pupilles sombres et désenchantées, même s’il peut être – comme en ce moment – impitoyable et léonin ?

La rétine de son cœur

Son absence me fige. Se lever et se rendre compte que l’un de ses territoires a complètement disparu, englouti par je ne sais quel tourment intérieur, me paralyse. Je fixe l’écran, je tripote nerveusement une radio digitale à la recherche d’une chanson qui pourrait rendre compte de ce qu’il se passe sous ma peau. Mais ma monomanie me conduit toujours vers le même titre. Dehors il y aurait plein de raisons d’espérer, le soleil, la contestation, mais je préfère rester là, à dérouler Black Guitar à l’infini.

La nuit a ton odeur

Je n’avais pas mis le nez dehors depuis une semaine. Mais j’ai besoin encore de venir poser une bougie sur la terre qui a recueilli mon beau chat. Alors je suis allé vers ce bout de jardin, puis on m’a gardé à dîner. La nuit a ton odeur, ai-je pensé sur le court chemin du retour. Sous la lune qui offrait son plus beau croissant, je livrais quelques bouteilles au container de verre tout en imaginant qu’elle puisse être là, à quelques mètres, tirant une bouffée de sa cigarette. En rentrant j’ai donné à boire aux fleurs, puis j’ai défait notre dernier lit.