je n'ai plus rien à boire

Je n’ai plus rien à boire. Rien qui puisse me libérer du ravet. Je ne m’attendais pas à le voir débouler. Puisque hier encore je voulais croire au un plus un du onze. Je voulais y croire d’une force. L’expression est un vieux souvenir du Cameroun. Je pourrais dire aussi que je l’aime fatigué. Si j’écrivais de Douala. Sauf que désormais le daim asservi ne vit plus que du dédain servi à distance. Tu dirais que j’exagère et tu n’aurais pas tord. Mais le son est joli. Le piano du crépuscule se joint au brouillard dans la boucle. Oui, je me suis encore penché. Elle me manque cette putain de bière ambrée qui dérouillerait d’emblée la coquerelle grignoteuse.

au-delà de notre enclave

Il fait nuit tôt. J’ai peu vécu ajouré. Soumis à la paresse, comme un dimanche sans allégeance. Suis en mode automatique. J’écris comme ça sort : tortueux, infatué. Je tousse encore. Chaque quinte me tord les côtes. Je trainais cette névralgie bien avant la bascule. An onze. On ose. Un plus un. Qui ferait deux dans un monde sans jcvd. Jour deux d’un nouvel an sans élan nouveau. C’est probable. Surtout pour un vieux serf de ma trempe. Une vie d’orignal est rarement originale. Que me souhaiterais-je ? De vivre herbivore dans la grande ville et frotter plus souvent mes bois à ses hanches. Écrire pour de vrai aussi, en reliant toutes les pages, feindre l’écrivain, faire d’un récit fluet un affluent qui se la coulerait douce jusqu’au fleuve noir. Et l’aimer sans entraves, putain de bordel de merde, l’aimer debout, au-delà de notre enclave.