Les filets de l’éternité

Les lunes passent et je n’écris pas. Je me souviens de dimanches estivaux où à cette heure-ci, il est un peu plus de dix-neuf heures, j’arrivais à me pencher sur ce rectangle blanc et digital pour y ouvrir une parenthèse lexicale. Mais où en suis-je avec l’écriture ? Au flirt à peine poussé. Elle et moi on est bien trop maladroit pour aller eu-delà, nous savons si mal nous approcher. Combien de fois nous sommes nous cognés le front alors que nous avions mis tous nos efforts dans la rencontre de nos bouches herbues ? Pourtant le vert du verbe me pousse sous les doigts. Pourtant, à mes heures pleines, j’assume une fonction de polygraphe.

Ici plus rien ne se passe. Je me contente en mon fort intérieur de maugréer contre la vie cette garce qui fait fi de notre mortalité. Nous n’avons pas le temps de trainer en chemin, même pour y sentir la noisette. On croit, dans un baiser, que l’on se prend dans les filets de l’éternité. C’est vrai, mais à la condition de ne pas vivre un temps fou à regarder passer les cormorans.

Pig Food par The Middle East

If i scream your name will you come with me ?*

J’avais imaginé plus de clarté pour ce dernier dimanche avant la reprise. Je me suis réveillé avec l’accordéon d’un groupe islandais. J’ai trainé au lit, lorgnant sur les dernières médailles de nos sportifs. J’aime la télévision allumée le matin, mais en sourdine. Ses rêves en pleine lumière. J’ai adhéré à American Gangster. Le jeu, la construction, la reconstitution, tout cela était fantastique. Denzel W. est au sommet de sa séduction. Ses rêves en pleine lumière font s’évaporer les soleils. Eluard me fut apporté sur un plateau par S. Je m’imagine aussi en amoureuse. Pour le moment j’ai du mal à me passer de The Middle East.