Godiche un jour, godiche toujours

Si j’étais encore l’homme que je fus il y a 20 ans, je n’aurais pas pu participer à ce salon samedi, je ne pourrais pas non plus assurer mes cours dans cette école privée qui me fait confiance depuis trois ans maintenant. Je serais ce type à la timidité quasi maladive qui ne pouvait pas s’approcher d’un vendeur dans un magasin pour demander un renseignement. La petite entreprise a soigné ça. Je lui dois au moins cette assurance.

Je ne pouvais pas parler face à une classe. J’espérai qu’on ne me voit pas quand il fallait quelqu’un à l’oral. Je m’enfonçais dans tout mon être, ça marchait souvent. Puis parfois venait le casse-pipe. Ma scolarité fut médiocre à cause de cela.

Quant à ma vie vie amoureuse…

Hier j’ai abordé et parlé et conseillé deux ou trois dizaines d’inconnus. Tous venaient chercher un chemin pour (se) construire une vie professionnelle. J’ai été à l’aise avec chacun d’eux. Du lycéen en terminal S (une flopée) à la jeune femme en DUT MMI, des parents de ce garçon à la main gauche rongée par un mal être évident à cette triplette joyeuse du 78.

Je me suis senti à ma place, alors qu’on m’a proposé de tenir ce rôle quarante huit heures avant, pour faire face à une défection.

J’ai aimé être là. J’ai aimé promouvoir cette école.

Pourtant, dès qu’il s’agit de faire face à l’Autre, cet être sentimental, ami ou amour, je vois resurgir le môme empoté, ce jeune adulte godiche qui se met à boiter dans la rue dès qu’il pense qu’on le regarde.


Là-haut : un extrait de The Weight of Spring, un album formidable de The White Birch que j’ai écouté tout ce dimanche et qui sort le 27 février.