Alors je lis le poète. Sa Vie.

Tu t’en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t’ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
A cause de ce manque, j’aspire à tant.
À tant de choses, à presque l’infini…
À cause de ce peu qui manque, que jamais n’apportes.

Henri Michaux (un bout de La Nuit Remue)

I am a moth

Dehors agité. Le vent hèle à tout va. Viens défourailler le jour avec moi. Qu’il dit en sifflant entre les arbres. On dirait Kaa, le serpent hypnotiseur du Livre de la Jungle. Je me souviens de l’harmattan. Beaucoup plus mastoc. Tout en longueur. Ensablant les muqueuses.

Ai lu un poème de Michaux ce matin. Dont je livre un peu de la substance.

Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin.
Où es-tu mon autre pôle ? Étrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension !
Te pirater.

Monde couturé d’absences.