les enfants du chaos

Il y a écrit lettre ouverte. A peine en ai-je commenté la lecture, alors que je sais qu’on lit par dessus mon épaule, une lettre d’amour, ça ne s’offre pas au monde entier, ou alors si, mais il faut que les protagonistes de cette histoires soient morts et enterrés depuis des lustres, à peine disais-je que déjà elle se referme sur mon aveuglement, sur le désordre que j’incarne, sur les images truquées tronquées, comme on voudra, d’un vieux cinéma fatigué, d’un film qui se joue avec et sans moi, d’une longue séquence absurde et invivable, dans laquelle deux amants magnifiques courent l’un vers l’autre sans parvenir à se rejoindre, je me sens tancé à nouveau en lisant cela, alors que je ne m’absous de rien et que je tiens fermement la rampe de ce pont des affres, celui désarticulé d’un amour que je ne crois toujours pas déchu, celui désarmé par tant d’impuissance face au sur-dit, celui désincarné des écrans aux nuits blanches, je m’agrippe tant bien que mal à cette veine érodée posée sur la Seine, à cette lanière noueuse ayant uni à jamais les enfants du chaos que nous sommes.