Loin sur les sentiers*

Je voulais écrire quelques lignes en remontant du dehors. Elles sont venues à moi alors que je grimpais un escalier quatre à quatre. Puis elles ont fichu le camp. Je n’arrive plus vraiment à écrire. Comme je n’arrive plus à aérer mon appartement. J’ai senti le dehors cinq minutes. Le temps d’un aller retour au container de récupération du verre. Le dehors sentait l’automne et je voudrais sentir l’automne tout au long de l’année. Je voudrais vivre dans un monde débarrassé de l’été. En humant ce parfum d’octobre, j’ai eu envie d’aller ramasser des mousserons sur les collines de La Crégut. Pourtant les vacances dans le Cantal ça ressemblait à l’ennui. Je me suis souvenu des champignons saisis sous le crachin, des près bombés et perclus de bouses de vache, des fougères, de cette première langue donnée à la sœur d’un garçon qui rêvait de conduire des trains, de la pêche aux vairons, du camping à la ferme, de ces longues journées que les adultes remplissaient de parties de pêches, de pétanques, d’apéritifs et de barbecues. J’ai pensé à cet été de 1982, à la mouche gobée pendant une partie de foot, à la disparition de Patrick Dewaere et au centre en retrait de Didier Six pour Alain Giresse. Je ne sais pas pourquoi cette bouffée du passé est remontée à la surface alors que je rejoignais les profondeurs de mes pénates.

Alors que je conchie l’été (sauf quand il est plein d’eau) et les sacs de couchage.

*Jean-Louis Murat – Terres de France

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