Loin sur les sentiers*

Je voulais écrire quelques lignes en remontant du dehors. Elles sont venues à moi alors que je grimpais un escalier quatre à quatre. Puis elles ont fichu le camp. Je n’arrive plus vraiment à écrire. Comme je n’arrive plus à aérer mon appartement. J’ai senti le dehors cinq minutes. Le temps d’un aller retour au container de récupération du verre. Le dehors sentait l’automne et je voudrais sentir l’automne tout au long de l’année. Je voudrais vivre dans un monde débarrassé de l’été. En humant ce parfum d’octobre, j’ai eu envie d’aller ramasser des mousserons sur les collines de La Crégut. Pourtant les vacances dans le Cantal ça ressemblait à l’ennui. Je me suis souvenu des champignons saisis sous le crachin, des près bombés et perclus de bouses de vache, des fougères, de cette première langue donnée à la sœur d’un garçon qui rêvait de conduire des trains, de la pêche aux vairons, du camping à la ferme, de ces longues journées que les adultes remplissaient de parties de pêches, de pétanques, d’apéritifs et de barbecues. J’ai pensé à cet été de 1982, à la mouche gobée pendant une partie de foot, à la disparition de Patrick Dewaere et au centre en retrait de Didier Six pour Alain Giresse. Je ne sais pas pourquoi cette bouffée du passé est remontée à la surface alors que je rejoignais les profondeurs de mes pénates.

Alors que je conchie l’été (sauf quand il est plein d’eau) et les sacs de couchage.

*Jean-Louis Murat – Terres de France

de dessous les aisselles

Je n’ai rien avalé avant seize heures. J’avais des démarches, comme on dit, à effectuer avant. J’avais le numéro trente-huit à Pôle Emploi. J’ai vu trois personnes sur place. Puis j’ai soufflé. Il pleuvait en ressortant. Cette neige accumulée au bord des trottoirs faisait dégueulasse. J’ai repris la voiture, dont une partie du carter protection sous son plancher trainait sur le macadam. Arrêt chez S. pour riveter tout ça. Le type a été sympa, alors que je le dérangeais à sa pause déjeuner. Il a posé quatre vis. Je lui ai donné six euros. La fin du parcours (je pense à Murat) administratif me conduisit aux Impôts. J’ai grugé l’accueil. Ai laissé trois documents à l’agent affable. Plus tard on m’offrit une bière. Que je bus en devisant gaiment (je pense à Desproges). Sur la double voix qui me ramena chez moi, je dépassai cinq poids lourds. Et une bonne dizaine de véhicules légers. Je trouvais une grande enveloppe dans la boite aux lettres en rentrant, avant de monter dans les étages quatre à quatre. Enfin dans l’appartement, je mis le chauffage et réactivai le portable. Une heure après je recevais deux amies et un chaton. Elles burent un thé et grignotèrent un flan au rhum et aux raisins. La petite chatte fit sa vie. On me parla d’une exposition à laquelle je ne suis pas allé. Et d’un photographe qui écrivit ceci sur son blog le dix-neuf octobre  : « j’ai laissé mon dernier spermatozoïde entre les dents d’une grosse blonde qui sentait le parfum des femmes de dessous les aisselles. »

A suivre. Ou pas.