Cette voix manqua. On peut tout dire tout ce que l’on veut sur la légitimité de celui qui la porte. Il est là, il chante, malgré les tourments, au-delà de sa tragédie intime . Je ne l’écoute pas comme un homme qui a commis l’irréparable. Je choisis de ne pas rejoindre la cohorte des petits tricoteurs. La horde de petits juges qui savent tellement mieux que toi moi vous ce qui est ce qui doit être ce qui sera, qui se répandent en commentaires numériques méphitiques. Oh, je ne fais pas uniquement allusion aux petits tribunaux qui se montent à l’arrache dès qu’un article autour de l’homme son histoire merdeuse et son retour dans le jour torve est mis en ligne. De toute façon, aujourd’hui, la moindre histoire le moindre fait relaté, même les plus neutres les plus insignifiants, font jaillir leurs ruisseaux fangieux.
Bertrand Cantat est sommé de rester dans le noir, de se faire tout petit dans l’infini cachot de l’oubli. Pourtant, j’estime qu’il a le droit de reprendre le cours de sa vie d’artiste, même si celle-ci est esquintée à jamais. Qu’il a donc droit d’écrire des chansons et de nous les livrer sans se cacher. Il y a droit comme n’importe quel quidam n’importe quel anonyme qui aurait, lui aussi, commis l’irréparable.
Ça ira sans doute mieux dès que le vent aura tourné.
C’est une voix comme il y en a pas d’autre en France. Et ça fait quelque chose de l’entendre à nouveau.
Là-haut : la session Deezer de Détroit.
Les titres : Ange de désolation, Glimmer In Your Eyes, Droit dans le soleil et Avec le temps.