je n'ai plus rien à boire

Je n’ai plus rien à boire. Rien qui puisse me libérer du ravet. Je ne m’attendais pas à le voir débouler. Puisque hier encore je voulais croire au un plus un du onze. Je voulais y croire d’une force. L’expression est un vieux souvenir du Cameroun. Je pourrais dire aussi que je l’aime fatigué. Si j’écrivais de Douala. Sauf que désormais le daim asservi ne vit plus que du dédain servi à distance. Tu dirais que j’exagère et tu n’aurais pas tord. Mais le son est joli. Le piano du crépuscule se joint au brouillard dans la boucle. Oui, je me suis encore penché. Elle me manque cette putain de bière ambrée qui dérouillerait d’emblée la coquerelle grignoteuse.

sentir le sapin

Je pourrais mettre un sapin dans le living cette année. Accrocher une ou deux guirlandes, non je déteste ça les guirlandes, même les lumineuses que l’on colle partout maintenant, sur les balcons les façades des pavillons, c’est comme ces faux pères noël qui restent accrochés pendant un mois aux fenêtres des mêmes pavillons, eux non plus je ne les aime pas. Noël n’est plus rien pour moi. Sentir le sapin, voilà ce qui  peut me retenir dans un endroit préparé pour cette fête. J’avais envisagé de passer le réveillon au cinéma, toute la journée même, mais je n’ai pas encore acheté de carte. J’envisage toujours beaucoup. Comme une vie meilleure, normale, mais meilleure.

Ce dimanche avait des allures de lundi. J’ai passé un bon moment au téléphone avec mon partenaire de projets. J’ai également observé les merles. A la nuit tombée, j’ai laissé le ravet me grignoter.

La vie, franchement, ce n’est pas comme avaler un verre de petit lait, c’est se noyer dans un seau de larmes.