Vendredi j’ai regardé cette photo. Et puis d’autres. Et puis a rejailli un temps jadis. Alors, à fleur de peau, j’envasai deux ou trois brins de mélancolie. Ce n’est pas mon habitude ça. De faire rouler la boule au ventre. De me retourner pris à la gorge. L’image n’a pas bougé. Ou à peine. C’est peut-être à cause de ça que cela cogne aux tempes. A part au milieu de la cour. La verdure et les tables de ping-pong en béton. Tout est à l’identique. Voyez le ciel bas. Cette absence d’irisation. Marque subtile du passage de l’harmattan ? Peut-être. Je me suis extirpé de mon desk. Tout d’un coup. Aidé par ma mémoire filandreuse.
Du passé décomposé. Du passé en miettes. Je n’ai cure. Je meurs finalement par petits bouts. Comme tous les Autres. De toute façon. De la vie là-bas, je n’ai rien gardé. Pas de jeux. Pas d’amour. Pas d’identité. A peine l’écho d’une adolescence sourde. Une vie évidée. Ma vie peureuse. Tout compte fait.
Un monde. Malgré moi. Qui refait surface. En pleine saison des pluies là-bas. Alors qu’ici c’est la rentrée solaire.
Photo : Lycée Dominique Savio, Douala, Cameroun