Chapitre nain…

Affres affreuses de ma littérature calamiteuse, je vous balancerai là. On me lira en train d’écrire. Ce roman débute donc. J’imagine l’effet bœuf chez le lecteur potentiel. Suivre pas à pas, ligne à ligne, l’auteur sans hauteur traçant le chemin de sa langue. Ce premier roman défile maintenant. Un jour de novembre 2005. Juste avant la guerre civile. Premier chapitre. Celui où l’on expose la situation. Où l’on situe la géographie des évènements. Où apparaît le personnage central. En l’occurrence, dans le cas présent, il s’agit de Premier Roman. L’œuvre magistrale et théâtrale d’un type anonyme qui se fait appeler Anakin dans un monde virtuose et virtuel.

Prenons une fille fine au regard de biche de Berre que l’on appellerait Mercedes. Si celle-ci avait comme Anakin des velléités d’écrivain, elle aurait pu se lancer dans une auto-fiction. Premier Roman d’un renard aux abois. Parce que derrière l’humour à froid il y a un abîme d’incertitude. Avec une telle phrase, alambiquée jusqu’au trognon, Premier Roman file droit vers le Goncourt des Maternelles.

Premier Roman est né en 1967. Autant dire qu’il n’est pas né de la dernière pluie acide. Il se souvient bien avant Forever Changes des cocktails de liquide amniotique. Des échos du monde à l’intérieur du ventre dur et chaud. De son désir, sans doute, de ne pas en être. Qui aurait voulu en naître ? Je n’imaginais pas tous ces outrages.

Premier Roman entama donc sa vie en plein après-midi. Des alarmes plein la tête…
(à suivre de très loin)

Ce texte est un rediffe honteuse de celui diffusé le 12 novembre 2005 à 13h26.

Note à la mangue

Vendredi j’ai regardé cette photo. Et puis d’autres. Et puis a rejailli un temps jadis. Alors, à fleur de peau, j’envasai deux ou trois brins de mélancolie. Ce n’est pas mon habitude ça. De faire rouler la boule au ventre. De me retourner pris à la gorge. L’image n’a pas bougé. Ou à peine. C’est peut-être à cause de ça que cela cogne aux tempes. A part au milieu de la cour. La verdure et les tables de ping-pong en béton. Tout est à l’identique. Voyez le ciel bas. Cette absence d’irisation. Marque subtile du passage de l’harmattan ? Peut-être. Je me suis extirpé de mon desk. Tout d’un coup. Aidé par ma mémoire filandreuse.

Du passé décomposé. Du passé en miettes. Je n’ai cure. Je meurs finalement par petits bouts. Comme tous les Autres. De toute façon. De la vie là-bas, je n’ai rien gardé. Pas de jeux. Pas d’amour. Pas d’identité. A peine l’écho d’une adolescence sourde. Une vie évidée. Ma vie peureuse. Tout compte fait.

Un monde. Malgré moi. Qui refait surface. En pleine saison des pluies là-bas. Alors qu’ici c’est la rentrée solaire.

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Photo : Lycée Dominique Savio, Douala, Cameroun