Dis l’été, arrête de faire ton caquet, tu le sais que tu as joué au con tout le mois d’août. Perso, ça ne m’a pas gêné, j’aime les journées éteintes, l’eau qui vient mourir en perles sur ma baie vitrée, les cieux bas du front, l’illusion d’un improbable refroidissement climatique, et cetera et cetera. Ne fais pas ton malin pour faire marrer les marins, ne fais pas ton Jupiter en maquillant outrageusement tes manquements, c’est trop tard, c’est plié, september is coming, avec ses premiers frimas, ses feuillus qui se déplument, sa rentrée effrénée pleine de backpacks surchargés de cahiers à spirales et de stylos quatre couleurs, son Hanouna cultivant un effroyable jardin peuplé de fanzouzes ostracisateurs, sa promesse d’un nouvel album de Moztaki, et cetera et cetera. T’es mort, l’été. Ce n’est pas la peine de darder à nouveau tes rayons sur ma peau de quinqua cacochyme, je te tourne le dos pour de bon et m’en vais étreindre de chimériques neiges éternelles.
Étiquette : pj harvey
Put the pen to the paper, press the envelope with my scent*
Le soleil pourrait blanchir les mots. Pourtant plus j’y suis. Plus j’ai envie d’y être. Je viens de voir Bashung. Émouvant. Avec son chapeau, ses lunettes noires. Sur son album majestueux, il demande : que faut-il être encore ? Vivant, Alain. J’ai encore envie d’y être. J’ai aussi des envies de correspondance. Une vraie. Un échange au long cours. Déposé régulièrement pas une main jaune dans une boite en fer. Ou en bois. Quand on habite au vert. Ou en Amérique. Des mots allongés sur du papier. De la cellulose végétale pour soigner mes ecchymoses. Pas du vélin. Pas de la peau de veau parcheminée. Je n’aime pas le sang. Les mots et la globine. Ma correspondance serait de la tendresse affranchie de toute pudeur. Écrire des lettres, c’est se mettre nu devant les fantômes; ils attendent ce moment avidement. Dit Kafka à Milena.
* The letter – PJ Harvey
Photo de Daria Nepriakhina via Unsplash