Cela doit être terrible de mourir seul au milieu de son living. C’est une de mes obsessions actuelles. Clapoter comme ça, sans que personne ne s’en rende compte immédiatement. Imaginons que je m’effondre ce mercredi. C’est un jour assez blanc dans ma semaine. Je veux dire un de ceux où il m’arrive de n’entendre aucune voix familière. Si je ne donnais pas signe de vie dans la vingt-quatre heures, un sms arriverait peut-être sur le mobile me demandant si je fais le mort. Je le ferais tellement bien à ce moment-là. J’écris ça en pinçant l’une des veines de mon bras droit. C’est un geste nerveux que je peux effectuer pendant de longues minutes. La vie quand même, elle peut vous offrir une raison d’être, puis vous laisser mourir seul au milieu d’un living, la tête sur la cisaille d’un vieux tapis. Mon crâne est un maelström à l’instant. J’avais pourtant débuté ce texte en parlant des abandons, une autre obsession. J’espère d’ailleurs qu’après celui-ci je ne lirai plus que je suis un écrivain, même si c’est un doux mensonge* qui peut aider à faire passer la ciguë que j’avale quotidiennement. Je ne les compte plus les abandons. Comme j’ai renoncé à comprendre les raisons qui font que l’on quitte des existences. Un matin, alors que le ciel est sans menace, on tire un de ces liens et c’est une ficelle molle qu’il vous reste entre les ventricules. Elles sont sans doute là les petites morts et pas dans les jouissances aigües puisées au creux des reins. Je me demande ce qu’en penserait le vieil ami qui n’arrive plus à revenir. S’il n’y avait que lui. Je regarderais bien le fleuve maintenant, en buvant un verre pour refroidir l’occiput. Il me faudra traverser le living pour ça, je m’y risquerai en récitant cette phrase entendue dans une fiction : you’re the light of the end of my tunnel.
*je fais mon malin, mais je suis très flatté de ce que Monsieur a écrit au sujet du métier sur son blog.
L’image est effrayante, mais joliment écrit.
Merci. Dommage de l’écrire avec un loup sur les yeux.
hey, man!
vire ce chapeau de ta tête, t’as le bord qui te cache la vue!
sors de ta tanière, on ne veut pas déranger l’ours qui dort…..
la vie est ainsi faite que celui qui ne veut voir personne fini par ne voir personne…parceque les gens, ils ont plein de trucs à penser, et qu’il faut remettre les choses dans l’ordre quelquefois, et qu’ à force d’entasser, on ne voit plus ce qui ne bouge pas, la en dessous
mais lorsqu’on le retrouve, au détour d’une fouille, on est tout content
on peut mourir tout seul au milieu d’un living, ou tout seul au milieu d’une foule
faut parfois ouvrir la porte sur l’extérieur, ou sortir de la foule, en disant, je suis là, je suis moi, mais les autres sont là aussi
ceux qui te disent : on t’aime
ceux qui s’en foutent
ceux qui comme toi veulent qu’on aille les chercher, parcequ’ils pensent qu’ils en valent la peine
et ils en valent la peine
le tout est de savoir qu’ils aimeraient…
tu ne comprend rien à ce que je raconte?
suis la confusion même
et pourtant, tout est clair dans ma tête
c’est drole….
je ne pige pas tout, Tarmine.
Surtout ces choses que tu dis et que je n’ai pas écrites. 🙂
C’ est toujours terrible de mourir j’ imagine, seul ou non, c’ est vivre seul qui peut aussi faire peur..
Vivre ça me fout les jetons. Et mourir, n’en parlons pas.
Normal que vivre ça fout les jetons, puisque ça se termine toujours mal,ou fois que l’on accepte la mort,la vie est belle, mais le chemin est long vers la sérénité, tu a une belle plume pour patienter.
Merci beaucoup Olek pour la belle plume.
Je te retrouve ici, et aussitôt je te mets en lien, ça me fait plaisir de relire ton blog. J’habite ailleurs moi maintenant …
Ah ben oui, tiens ! ça fait une paie. J’irai voir où tu habites désormais, méli-mélo.