Une vie dans l’estuaire de Saint-Nazaire

J’ai locké mon terrain depuis quelque temps, une manie sale comme un tourment, une façon de me punir de je ne sais quoi, une manière de me priver de ce qui rend la vie bien plus acceptable, l’amour l’écriture la musique ou bien tout ensemble, il y a des bienheureux qui se gargarisent de posséder les trois et plus encore, je suis un chien pour ma garce d’existence. Ce soir je me sens comme un type dont la maison vient de brûler, enfin comment pourrais-je savoir ce que ça fait quand une turne crame alors que cela ne m’est jamais arrivé, même si le cœur outragé c’est comme une bicoque qui s’enflamme. Je me targue d’être parfois au bord du dénuement, je le sens gratter au mitan de mon être l’anachorète qui veille. Je suis dans une période où le pas grand-chose est la règle, même le fleuve est plus ambitieux, je le vois charriant ses milliers de morceaux de glace, alors que je me crois empêtré à jamais dans ma gangue intime, comme je conçois à tort que la corneille dans l’arbre d’en face est en train de se déchirer une aile. J’aimerais quand même voir un ours polaire juché sur l’un de ces grumeaux à la blancheur opaque, mais franchement que ferait ce mammifère arctique d’une vie dans l’estuaire de Saint-Nazaire?

Le nouvel album de Da Silva s’appelle La Distance et il la tient bien. Je fais avec lui et avec Tramp de Sharon Van Etten.

10 réflexions au sujet de « Une vie dans l’estuaire de Saint-Nazaire »

  1. ça va venir les ours polaires à Saint-Nazaire, la banquise fond, on en voit en train de dériver, malheureusement leur petit bloc de glace fond trop vite, noyade assurée.

    1. J’ai vu ça une nuit. C’était tragique. Mais je regarde La Loire tous les jours et je n’ai pas encore vu de plantigrades blancs dérivant.

  2. Ou peut-être es-tu l’homme qui a volontairement mis le feu à sa propre maison.
    Je devrais arrêter de citer Fight Club à tort et à travers, surtout que je ne sais pas trop si t’aimes. En tout cas, moi j’aime toujours ce que tu écris, surtout quand ça ressemble à des bouteilles jetées dans l’océan glacial arctique.

    1. Fight Club est un film que je n’ai vu qu’une seule fois, mais il ne m’a pas marqué. Peut-être que je devrais y retourner.
      Merci, Alaska, d’aimer cela en tout cas.

      1. Il faut que tu regardes la scène où Tyler fait du vélo dans la maison délabrée pendant que son double lit un bouquin qui a pour narrateur un bulbe rachidien. Si, vraiment.

  3. whaw…

    Je découvre ton blog suite à ton commentaire chez moi. Tu écris merveilleusement bien pour ce que je viens d’en lire 🙂

    (3mn plus tard)

    Anakin…. On s’est pas déjà fighté tous les deux ? ^^ (ou confusion liée au pseudo ?)

    1. C’est possible pour le fighting. Mais je ne sais plus où ni quand ni pourquoi. 😉
      Merci beaucoup pour le compliment.

  4. J’ai passé un été , une rentrée , un automne sans sonotone , ni monotone ….un hiver sibérien ( j’ai pas trouvé l’ours qui a vu l’ourse ) et me voilà à la porte du printemps avec une année de plus …. Parfois rien ne change , que certaines odeurs âcres au fond de la gorge , faut savoir bien cracher ( rhooooo c’est dégoûtant ragoûtant !!!) Mais qu’est-ce ça fait du bien !! 🙂
    Je rejoins tous les commentaires , ton écriture est un vrai trésor et malgré mon absence je prends toujours du plaisir à te lire ^^:)
    Douce soirée … Bises

    Vous ne pouvez empêcher les oiseaux de la tristesse de voler au-dessus de vos têtes mais vous pouvez les empêcher de faire leur nid dans vos cheveux. Ph DJIAN.

    1. Merci Marie. Mais mon écriture n’est pas un trésor. Il y a autour des mots bien plus passionnants.

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