Les herbes folles

La poursuite s’achève dans de longues herbes grasses dans lesquelles je m’enfonce. Le type qui en veut à ma peau a l’air aussi mauvais qu’un sbire en imper de la Geheime Staatspolizei. Je courre souvent dans mes rêves pour échapper aux collectionneurs de trépas. J’aimerais bien savoir qui envoie cette horde de tueurs dingues à mes trousses. Qui programme dans mon inconscient subclaquant cette course perpétuelle contre une charogne à l’humeur de fin du monde. Mais c’est au bord du péril, Macha, que je me surprends à avoir des gestes de supers héros. Des mouvement qui me permettent de grimper aux arbres à la vitesse d’une gargouille au galop ou de sauter d’un immeuble à un autre aussi facilement qu’on efface une flaque d’eau d’une impulsion de talon. Mais j’ai beau faire des bonds de géant, le vilain flippant finit toujours par réapparaître… Sauf que cette nuit il y avait ce champ de belles herbes folles qui léchèrent avec bienveillance mon corps liquéfié par la peur…

bande son…

Horses galloping

J’ai triste, avec la gueule au carré du type qui ne tourne pas rond, je me sens comme dévasté du dedans, je me vois comme un terrain en vague sur lequel on ne peut rien construire, cette nuit je suis comme une plaie mal nettoyée d’où dégouline une espèce de mélancolie de bazar, je suis désolé de ne pas être tout autre, de n’avoir que ça à offrir, ce truc insane qui se fond comme jamais dans sa taule et qui se prend le cortex à deux pognes de ne pouvoir cramer sa lippe à la peau cuivrée d’une lionne morveuse.