When the bird’s got to die

Oh mais que c’est beau, ce jour qui enlace infiniment le soleil ! Les baisers de printemps réchauffent le cœur. Je contemple le beau spectacle de derrière la baie vitrée. Sur laquelle viennent s’assommer les mouches à merde. Ce dimanche copieusement arrosé de la générosité d’Hélios refuse d’en finir. Je patiente en écoutant de la musique. En ajoutant quelques mots à ce journal extime. L’animal est venu me chanter une histoire de chat avant de remplir son panier d’osier. Je récite les paroles d’Antony. Elles sont celles-ci : Hope there’s someone who’ll take care of me, when i die, will i go. Et puis raisonnent celles du it boy velu de la pop musique française. Je me marre. J’aime aussi l’amour et la violence. Dis-moi ce que tu penses de ma vie. J’imagine tous ces dimanches à la sauce barbecue. Auxquels j’ai échappé. Et caresse ma barbe écrue. Demain sera laborieux. Je la verrai elle. Je ne l’aime pas parce qu’elle en oublie d’être légère. Elle s’assommera comme n’importe quelle mouche à merde sur ma bouche bée. Je l’éviterai autant que possible. Même si elle me parle de ses oisillons. Et si je fomentais avec mon moustachu à quatre pattes un raid sanglant sur sa Canari bay ? Le jour dévale enfin la pente. Je rêve d’une lune blonde et d’une nuque longue.

Car chacun vaque à son destin.

Hélios a mis le paquet aujourd’hui. Sans doute pour saluer mon retour dans la petite entreprise. Come back à bas régime. C’est étonnant comme je me suis senti étranger à toute cette affaire. J’en aurai la certitude dans les jours qui viennent, mais je ne veux plus en être. On me dit de dire ce que j’aurais envie d’y faire. Propose. On verra.
Cécile, une amie, me souffle ceci : « Sartre, c’est celui qui vous mettait votre liberté entre les mains et vous enjoignait d’en faire quelque chose et d’en répondre seul devant le tribunal de l’avenir.« ** Je suis ravi de lire ça (et tout ce qu’elle me dit après) mais je ne suis pas tout à fait rassuré. J’ai le temps, oui. Je lirai moins Huguenin. Je m’accrocherai à Superman.

Et à ton livre.

Tiens. Justement. Je lis à l’épilogue la citation du journal de Françoise Siefridt : Dehors ! Nous sommes saouls de liberté et comme fous. L’un part en courant comme s’il avait peur qu’on le rattrape. L’autre reste un moment en arrêt sans savoir quelle direction prendre. Nous suivons ceux qui marchent devant. Nous arrivons à une station d’autobus. Nous montons à trois, les autres sont derrière et devant. Cela ne fait rien, nous filons vers Paris, jusqu’à la prochaine station de métro, c’est à dire Jean Jaurès nous disent les gens qui sont dans l’autobus. Je regarde à travers la vitre. Les passants marchent librement. Le ciel est bleu. Je suis libre ! Que c’est beau la liberté ! Mon Dieu, merci !

Je ne le savais pas. Mais des femmes et des hommes, comme Françoise Siefridt, ont été arrêtés et internés pour port d’étoile jaune détournée. C’est à eux que rend hommage Amis des Juifs – Les résistants aux étoiles (Tirésias), un ouvrage écrit par Cécile Leblanc et Cédric Gruat.

** Michel Contat