…des restes de cette vie…

Je bois un peu. Cette nuit, à une heure trente du matin, j’ai essayé. Je n’y suis pas parvenu, malgré Prahanien de Pg.lost, malgré tout l’album finalement. La télévision était ouverte sur la tragédie d’un tunnel.

A cette instant le chanteur dit que c’est au pied des rivières que la vie a bougé. J’use ce disque sans arriver à écrire par-dessus. Cette nuit, ma laideur – reflétée dans le miroir d’une salle à peine refaite – fut le sujet de ma tentative. J’abuse d’un disque qui ne me donne aucun mot.

Il a plu toute la journée. Au fond ça me va. Au moins lui, le ciel, me laisse un peu de répit. Écrire est devenu… Quelle prétention que cet écrire que j’emploie connement, alors que je ne fais rien d’autre que baver une existence atone.

Je me souviens du temps jadis de la légéreté. De nos corps emboités pour l’éternité.

Je ne m’accommode pas des restes de cette vie.

à la mouche qui pète jusqu’au désarroi

Que dire de la semaine écoulée ? Que je grelotte toujours dans ma tranchée. Que j’aurais aimé voulu désiré que ce soit la dernière sans ce nous véritable. Que lundi mardi mercredi j’ai renoué avec les grandes eaux. Que je voulais à nouveau partir dans un sommeil. Que les douleurs intercostales persistent et que je ne ferai rien pour les endormir. Que j’ai beaucoup écouté Pg.lost. Que j’ai toasté une dizaine de tranches de pain de mie. Que j’ai bu un peu de bière un peu de vin rouge. Que je me suis branlé un jour sur deux. Que j’ai fait une lessive. Que je n’ai pas vu un film en entier. Que des séries m’ont permis de respirer. Que je n’ai pas mangé un seul fruit. Que la voix de ma bête m’a manqué. Que j’ai eu mon quart d’heure d’hypocondrie. Que je me suis joué des mots sur des murs digitaux. Que je me suis un peu penché sur la boucle. Que j’ai cru aussi à la mouche qui pète… Jusqu’au désarroi.

se saigner les gencives

Pg.lost, c’est totalement mystérieux et pas tenable en soi un nom pareil. Je ne vais pas chercher à en savoir plus sur ce groupe. Je l’écoute, point barre. J’ai des envies de baise. Alors je me gave de sucre, du plus mauvais, celui contenu dans cette boisson américaine que je n’ai pas envie de nommer. Je suis de plus en plus remonté quand j’écris. J’ai cette vision du chien qui est en moi, ce chien perdu dans une rue de rien, avec ce bout de laisse qui traine par terre. Je ne sais plus quand je me suis retrouvé là, au beau milieu des poubelles, nu comme au premier jour. Depuis quand ne t’a-t-on pas torché le cul, Moody ? Depuis quand n’es-tu plus ce fils, bon et pleutre, petit bâtard ?  Il ne fait pas de doute que ce vieux garçu ne gît plus dans aucun cœur. Je ne sais pas ce que je donnerais pour me saigner les gencives sur une peau crémeuse. Je me traine pourtant à quatre pattes comme le dernier enfant de ce terrain vague. Comme la dernière rumeur d’un monde abandonné.

le disque de Pg.lost qui servit de point de départ à ce texte est à entendre dans cet espace.